Le 11ème symposium scientifique de LVMH Recherche avait pour thème « Skin rejuvenation ». Il s’est déroulé à la British Library de Londres.
Comment agir pour rajeunir ?
Dr. Aubrey de Grey, gérontologiste et rédacteur-en-chef du journal « Rejuvenation » a expliqué que les effets du vieillissement sont liés à 7 types de dommages : les mutations chromosomiques, les mutations de l’AND mitochondrial, les débris intra et extracellulaires, la réduction du nombre de cellules dans les tissus, une prolifération cellulaire incontrôlée et la glycation des protéines.
Il a défendu l’idée que réparer en amont ces dommages est plus simple et plus efficace que de traiter les pathologies qui en résultent. La maintenance permanente d’un « bon » métabolisme est la voie la plus efficace pour ralentir le vieillissement. En terme de rajeunissement de peau, les traitements actuellement disponibles de la peau ont des effets limités pendant que le reste du corps vieillissant impose une plus grande pression. Cependant, les recherches d’Aubrey de Grey indiquent que le rajeunissement complet de peau ne peut être possible, dans les décennies à venir, que par une approche multi-cibles.
Dr. Leslie Baumann, dermatologue aux USA, a rappelé que les dermatologues traitent classiquement 4 critères pour donner un aspect plus jeune au visage, la régularité de couleur de la peau, sa texture, la présence des rides et les volumes. Elle a également noté comme voie de recherche à poursuivre l’importance du système immunitaire sur la qualité de la peau et la nécessité de la recherche sur des produits de soin de peau qui aident la réparation de l’ADN. Elle a exprimé son scepticisme au sujet de certains produits cosmétiques dits « Botox-like » ou ayant des revendications pseudo-scientifiques notamment autour des cellules souches.
Trois exposés ont été présentés détaillant des développements récents de la recherche sur le rajeunissement. Le premier était celui de Carlo Pincelli, professeur de la dermatologie à l’université de Modène, et ancien président de la société européenne de la recherche dermatologique (ESDR). Il s’est concentré sur le travail effectué pour élucider le destin des cellules souches épidermiques pendant le vieillissement, et leurs mécanismes de renouvellement. Il a notamment rappelé l’importance de protéger l’environnement des cellules « souches », le rôle des kératinocytes dits « d’amplification transitoire » et présenté le rôle de nouveaux marqueurs comme la survivine ou de voies métaboliques impliquant le récepteur Notch.
Le Dr. Carine Nizard de la recherche LVMH a détaillé trois approches employées par l’équipe de LVMH Recherche pour aborder le rajeunissement de peau, l’hormésis, la lutte contre l’entrée en sénescence et le recyclage des protéines oxydées qui s’accumulent dans la peau au cours du vieillissement. Elle a notamment détaillé les modes d’actions des ingrédients utilisés et la complexité du système de réparation (PMSR) qui agit sur les méthionines oxydées ou l’activation du protéasome.
Le Dr. Laure Rittié, de l’Université du Michigan, a rappelé l’importance de pouvoir réparer les dommages du collagène dans la peau.
Après exposition UV, on observe la fragmentation du collagène et une activation des métalloprotéases qui sur-dégradent la matrice dermique. Un certain nombre de Lasers sont utilisés pour « rajeunir » la peau mais avec des effets secondaires notables.
La génétique et ses nouveaux développements.
Melanie Swan, futurologue, a rappelé que depuis 20 ans la génétique a fait sa révolution et a donné des exemples montrant que la génomique personnalisée est devenue accessible. Précédemment utilisée pour déterminer l’identité, les liens héréditaires ou le statut familial d’une maladie, l’analyse génomique est employée maintenant pour prévoir les risques d’un individu pour une maladie complexe, sa réponse prévisible aux traitements internes ou externes. Tout ceci est rendu possible par de nouveaux outils, véritables hybrides des technologies très différentes.
En synthèse générale de la journée, le Dr. Oleg Kvitko, de l’Académie des Sciences de Biélorussie, a présenté une revue des théories et concepts qui traitent du rajeunissement. Les inter-relations entre développement, croissance (notion de morphogènes) et sénescence sont fondamentales. Les variations épigénétiques, c’est-à-dire les modifications du génome dues à notre vécu et notre environnement, transmissibles sont, à priori les seules facilement réversibles. Il a aussi été insisté sur l’importance de l’information mentale, des techniques cognitives, de la méditation pour freiner le vieillissement cellulaire et le raccourcissement des télomères comme l’a également suggéré Elizabeth Blackburn, Prix Nobel de Médecine.
En combinant des approches différentes et complémentaires, ce symposium a montré la richesse des voies de recherche pour ralentir le vieillissement et donc rajeunir au quotidien.
Frédéric Bonté
Directeur de la Communication Scientifique