Projet de la société Genclis, soutenu par la Fondation InNaBioSanté
Une équipe de chercheurs français, de la société de biotechnologie GENCLIS, montre qu’il est possible de détecter, à partir d’échantillons sanguins, les cancers du poumon et du sein à un stade précoce.
Ces résultats ont été présentés à Paris dans le cadre des « Journées Internationales de Biologie » le 3 Novembre. Ils reposent sur l’utilisation d’échantillons sanguins rassemblés dans des sérothèques soutenues par l’INCa et l’INSERM.
Ces progrès sont aussi le fruit d’un travail pluridisciplinaire associant médecins, biologistes, informaticiens, mathématiciens. Cette pluridisciplinarité permet l’accélération du transfert des découvertes de la recherche fondamentale vers la clinique. Ils ouvrent des perspectives prometteuses pour diagnostiquer les formes précoces des cancers les plus fréquents.
La Fondation InNaBioSanté, soutient ce projet depuis 2007, dans le cadre de son appel à projet « Lutte contre le Cancer », qui permet de financer des projets de recherche très pluridisciplinaires, en partenariat public / privé, permettant ainsi des progrès sensibles dans l’intégration technologique au profit de la prévention et du soin de cette maladie.
Ces recherches ont pour point de départ la découverte, par la jeune société lorraine de biotechnologie, Genclis, en partenariat avec le Cancéropôle Grand Est, d’une augmentation importante des erreurs lors de la transcription de l’ADN en ARN par les cellules cancéreuses. Les ARN porteurs de ces erreurs donnent naissance à des protéines jusqu’alors inconnues et qui induisent des réponses du système immunitaire. Des outils de détection de ces dysfonctionnements ont été élaborés et testés sur des sérums de patients.
Les premiers résultats obtenus en 2009 par Genclis montrent qu’il est possible, à partir d’une simple prise de sang, de détecter 87% des cancers du poumon «non à petites cellules» au stade où ils sont encore opérables. D’autres études en cours, reposant sur les mêmes principes et outils, aboutissent à un taux de 95 % de cancers du sein détectés à des stades précoces. Ces avancées ont été rendues possibles grâce à la constitution de banques de sérums et de tissus associées à des données cliniques de grande qualité.
La société Genclis a mis en place des études prospectives de validation sur les principaux cancers dans des conditions rigoureuses et dans des centres spécialisés, avec le soutien de l’INCa et de l’ ITMO Cancer. Dès le début de 2010, quelques centres pilotes auront accès à ces tests d’aide au diagnostic, pour les patientes présentant un risque génétique ou familial de cancer du sein.
Cette avancée a aussi été rendue possible par les interventions d’OSEO, de la Région Lorraine et de la Communauté Urbaine de Nancy.
Trois questions à Bernard BIHAIN – PDG de GENCLIS
1.- Qu’est ce que concrètement vous a apporté l’aide de la Fondation?
Le fait que la Fondation InNaBioSanté ait classé en premier le projet MODIC et nous ait accordé une aide d’un montant supérieur à celui attribué par la Fondation Nobel soit 1 Millions d’Euro a eu trois conséquences immédiates.
- Renforcer la confiance de la Région Lorraine sur la base d’une validation scientifique indépendante. Ces fonds propres associés au soutien d’OSEO et de le la Région ont permis d’engager des programmes de mises au point de tests d’aides au diagnostic de deux cancers sein et poumon.
- La mise en place du consortium Modic, nous a donné accès à une collection d’échantillon de cancer du sein rassemble dans le cadre de l’institut Claudius Régaud. Les qualités de cette collection sont exceptionnelles d’où les performances diagnostics exceptionnelles.
- L’accès à la plateforme protéomique de l’IPBS nous permet de concevoir dès à présent la caractérisation de protéines infidèles dont l’existence était insoupçonnée. Ceci ouvre de nouveaux champs d’application fondamentale et clinique dont nous ne faisons qu’entrevoir l’importance potentielle.
2.- Sur le plan scientifique et technique, quels sont vos besoins actuels et à venir pour le bon déroulement de MODIC?
Sur le plan scientifique la preuve de concept est établie nous allons préparer 2 manuscrits fondateurs qui contribueront à asseoir ce nouveau paradigme biologique.
- L’infidélité de transcription est un phénomène non aléatoire normal contribuant à augmenter l’hétérogénéité du protéome humain parce que les ARN messagers infidèles sont traduits en protéines.
- L’infidélité de la transcription augmente dans les cellules cancéreuses, la découverte des transcprition infidelity peptides permet pour la première fois dans un modèle murin de suivre quantitativement la réponse immunitaire humorale induite par un cancer. Ce modèle devrait nous permettre de disséquer les mécanismes de cette réponse et peut-être d’ouvrir de nouvelles stratégies thérapeutiques. Sur le plan diagnostic ayant obtenus des données prometteuses sur deux des grands cancers nous allons lancer une étude prospective incluant 250 marqueurs : les 4 grands cancers colon sein poumon prostate et 1000 contrôles. Lorsque ce travail sera réalisé nous serons en mesure de publier ces données sans risques de décevoir ou de créer des polémiques médicales. En effet nous savons aujourd’hui que les marqueurs du sein sont différents de ceux du poumon. Toutefois nous ne savons pas si les marqueurs du poumon ne contribuent pas au diagnostic du cancer du colon. Il est donc indispensable de répondre à ces questions avant de définir les sélections définitives que nous devrons dévoiler dans une publication. Le champ du diagnostic précoce du cancer a connu trop de déception nous n’avons cette fois pas le droit de décevoir. La preuve de concept est à ce stade suffisante pour procéder à une importante levée de fonds et ce dans de bonnes conditions et en conservant le contrôle de l’entreprise garant de son éthique médicale.
3.- Quelles sont vos prévisions pour le futur, après le projet MODIC?
Deux grandes études prospectives d’évaluation des performances diagnostiques en conditions réelles et sur un territoire limité seront lancées en 2010 pour l’aide au diagnostic du cancer du poumon et du cancer du sein. Quelques centres pilotes seront autorisés à la réalisation de tests cancer du sein pour les personnes présentant un risque génétique identifié ou une très forte influence familiale. Cette période d’évaluation des performances fournira aux autorités de santé les données nécessaires pour définir l’intérêt. Nous rechercherons alors les partenaires industriels en capacité d’assurer une diffusion large. Les revenus de ces partenariats seront réinvestis pour une très large partie pour le développement d’autres tests et l’exploration de nouvelles voies d’évaluation de l’efficacité thérapeutique. Ceci impliquera le renforcement de nos partenariats avec l’IPBS et l’Institut Claudius Régaud.