Le concours mondial d’innovation 2030 lancé par l’Etat pour repérer les talents français, a récompensé jeudi 20 mars, cinq sociétés (sur 58 projets primés), accompagnées par Genopole, pour le fort potentiel économique de leur innovation. Chacun d’eux recevra un financement de l’Etat pouvant atteindre 200 k€ pour «leur donner la chance de faire aboutir leur projet » a indiqué le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault.

Thématique Recyclage des matières : métaux rares

Magpie Polymers, est le seul lauréat de cette thématique. Sa technologie présente un double intérêt :
– épurer les eaux usées ou industrielles : des cartouches de résine, d’utilisation extrêmement facile par les entreprises, filtrent les métaux toxiques (plomb, cuivre, mercure, uranium…) dans les eaux industrielles.
– valoriser les métaux rares : les métaux précieux (or, platine, palladium, rhodium…) retenus dans les cartouches, peuvent facilement être récupérés.
Hicap, le projet primé de Magpie (qui signifie pie voleuse en anglais) Polymers, développera des polymères de filtration, encore plus performants, avec une capacité de récupération 10 à 20 fois supérieure à la première gamme. La technologie deviendra alors 100% française. «Ce prix est pour nous extrêmement important pour gagner des parts de marché » déclare Steve van Zutphen, président de la société, qui a découvert, pendant ses études à l’Ecole Polytechnique, la famille de polymères faisant l’innovation de Magpie.

 

Thématique Chimie du végétal : trois des cinq sociétés primées sont génopolitaines !

Biométhodes a mis au point une « bioraffinerie » permettant de remplacer durablement le pétrole par des matières premières végétales, ouvrant la voie aux mêmes applications industrielles qu’une raffinerie pétrochimique : chimie, polymères, matériaux ou carburants.
Biométhodes exploite la matière végétale non-alimentaire (pailles, tiges, bois…) et en préserve l’intégralité de la richesse chimique. L’environnement français, riche en productions agricoles et forestières, est propice au déploiement industriel de Biométhodes qui permettra de générer des revenus complémentaires significatifs aux agriculteurs et d’offrir un potentiel de redynamisation dans les secteurs de la papeterie, des agrocarburants et des sites chimiques en déclin. «La liste des lauréats démontre le dynamisme de l’innovation française et de son entrepreneuriat, et nous éprouvons beaucoup de fierté à voir Biométhodes y figurer. Nous sommes convaincus que notre approche de bioraffinerie peut métamorphoser le paysage industriel et agricole français, et le soutien de la Commission Innovation 2030 jouera, nous en sommes sûrs, un rôle majeur dans la concrétisation de cette ambition» souligne Gilles Amsallem, PDG de Biométhodes.

Ynsect développe une bioraffinerie d’insectes qui produit à la fois des protéines et des molécules pour la chimie verte. L’activité d’Ynsect s’inscrit pleinement dans une démarche de développement durable en permettant en amont une meilleure valorisation de biodéchets et sous-produits de biomasse. Et répond en aval, à de grands enjeux de société : la consommation croissante mondiale de protéines et de biomatériaux biodégradables.
Ynsect a obtenu en février dernier l’appui financier de deux fonds d’amorçage majeurs dans l’univers des biotechnologies industrielles, Emertec et Demeter (1,8 M€). Si ces financements privés représentent une validation majeure de l’intérêt pour les biotechnologies d’insectes, l’équipe d’Ynsect considère que le soutien de l’Etat est l’une des clefs pour la réussite de cette nouvelle filière des protéines et de la chimie verte. Ynsect se prépare déjà pour la deuxième phase du programme du concours mondial de l’innovation en septembre 2014 prochain. «Ynsect ambitionne de devenir un champion mondial des biotechnologies d’insectes et un chef de file de cette nouvelle filière française d’excellence» déclare Antoine Hubert, président d’Ynsect.
 
Abolis a mis au point une technologie permettant de concevoir à façon des micro organismes capables de produire des molécules chimiques à usages industriels à partir de la fermentation de sucres et de biomasses issus des végétaux. Les premières applications visées sont les bioplastiques et la chimie fine (phytosanitaire, compléments alimentaires, industrie pharmaceutique). Le process mis au point offre des gains de temps et de coûts par rapport aux pratiques actuelles et peut intéresser de nombreuses branches industrielles.

« Ce prix démontre la solidité de notre projet et l’intérêt porté à la biologie de synthèse dans le domaine de la chimie verte. Il illustre la prise de conscience de notre gouvernement sur les enjeux de cette économie. Ce prix va nous permettre de donner un coup d’accélérateur au développement de notre technologie grâce à la création de deux postes d’ingénieurs, et convaincre à la fois les industriels et les investisseurs. C’est la concrétisation de 5 ans de recherche académique au sein de l’institut de biologie systémique et synthétique (iSSB) à Genopole et de plus d’un an et demi d’efforts pour la préparation du projet» précise Cyrille Pauthenier, porteur du projet et doctorant dans le laboratoire de Jean-Loup Faulon, co-fondateur de la société.

 

Thématique Médecine individualisée

• Osseomatrix a développé une technologie d’impression d’implants 3D pour le traitement individualisé des pertes osseuses qui au-delà de quelques centimètres ne se régénèrent pas. Réalisés à partir du scanner des patients pour reconstruire la topographie en trois dimensions de la perte de osseuse, ces implants biocéramiques phosphocalciques de même composition que l’os minéral, sont mis en place lors d’une intervention chirurgicale minimalement invasive.
Cette technologie permet d’alléger la prise en charge de la pathologie (réduction de la durée de l’acte opératoire et de l’hospitalisation) et de diminuer les risques chirurgicaux et les complications post-opératoires : les implants résistent à l’oxydation et ne produisent pas de produits de dégradation toxiques. La technologie d’Osseomatrix apporte sa pierre à l’émergence d’une médecine de plus en plus personnalisée. Dans un avenir proche, il sera possible par thérapie cellulaire d’ensemencer les implants avec des cellules souches provenant du patient afin d’augmenter le potentiel de la cicatrisation osseuse. «Ce prix va permettre à la société d’accélérer ses développements en vue de la mise de l’innovation sur le marché» indique Didier Nimal, PDG d’Osseomatrix.

 

A propos de Genopole Premier biocluster français dédié à la recherche en génétique et aux biotechnologies appliquées à la santé et à l’environnement, Genopole rassemble 71 entreprises de biotechnologies, 21 laboratoires de recherche, 21 plates-formes technologiques ainsi que des formations universitaires (université d’Evry-Val-d’Essonne). Son objectif : créer et soutenir des entreprises de biotechnologie, favoriser la recherche en génomique, développer des enseignements de haut niveau… Genopole est majoritairement financé par l’Etat, le Conseil régional d’Ile-de-France (30%) et le Conseil général de l’Essonne (26,5%)